2 ans auparavant, Zebra

Ils revirent Zebra exactement sept fois, en général le samedi après-midi. À plusieurs reprises, ils ne furent pas seuls. Souvent, tout le monde était masqué, car la scène était filmée par des caméras commandées à distance. Zebra revendait les images à des sites de voyeurs en ligne. Ces jours-là, Ada ne payait pas la came. Chaque session fut intense au plus haut degré. Zebra en était à la fois la scénariste, la réalisatrice et l'actrice principale. En bonne Domina, elle n'avait pas son pareil pour apprendre les règles et les procédures de ces ébats, l'importance des postures, des liens, des déguisements, des instruments, des dialogues aussi. La came jouait le rôle d'un accélérateur aux proportions cosmiques, comme s'ils étaient montés dans un train fou, et l'orgie atteignait des extrêmes dont après coup Michael se demandait s'il n'avait pas rêvé. Ses organes brutalisés lui rappelaient pendant plusieurs jours que l'expérience avait été bien réelle. Les substances illicites décuplaient sans aucun doute l'exaltation, mais Michael n'y trouvait aucune excuse : l'impulsion de jouer selon les règles de Zebra était en lui, comme en Ada, et il reconnaissait que sans la drogue, il se serait ébattu dans une tonalité identique, mais juste de façon moins intense et moins durable. La nature du jeu n'avait au fond pas tant d'importance que cela non plus, même s'il était clair pour Michael qu'il n'avait ni le goût de la recherche des limites de la douleur, comme Ada, ni celui de l'humiliation, comme cet homme à qui Zebra faisait boire son urine. Zebra l'avait compris et impliquait Michael dans des mises en scène plus symboliques, moins cinglantes, et dans lesquelles sa domination s'exprimait par un mot, un regard, une pression de la main, et son dressage par l'apprentissage de tous les plaisirs. Avant et après, en privé, Zebra était avec Michael charmante et câline, en un mot adorable. Elle lui donnait des signes qui lui semblèrent sincères. Elle le regardait, lui souriait et, entre deux baisers, elle lui chuchotait des mots tendres, ce que somme toute Ada ne faisait pas. Zebra affectionnait tout autant se blottir contre lui. Elle en soupirait d'aise quand il refermait ses bras autour d'elle, et elle glissait son visage dans son cou pour y faire des baisers. Une fois, elle s'endormit dans les bras de Michael et Ada s'amusa à les prendre en photo.

Zebra disparut au début de l'automne. Ada fut d'abord très inquiète, puis désespérée. Michael, qui voulait se forcer à paraître calme, se mit à faire des cauchemars. Ils ne savaient pas quoi faire. Ils parlèrent du pire, se rassurèrent en se rapprochant l'un de l'autre. Un soir, Ada surgit en pleurs. Elle était si bouleversée, elle hoquetait avec tant de violence, qu'elle ne parvenait pas à s'exprimer de façon cohérente. Elle parlait de Zebra. Elle disait qu'elle avait brûlé. Michael la serra dans ses bras. Une boule dans la poitrine l'empêchait de respirer. Quand Ada retrouva son calme, elle lui expliqua que la police avait retrouvé le corps de Zebra dans un ravin. Elle avait été agressée, enlevée, violée et tuée. La police n'avait, cela va de soi, pas donné à Ada les détails. Ce fut heureux, car ils étaient épouvantables. L'autopsie avait révélé que Zebra avait été massacrée de coups violents sur tout le corps et violée par le canon d'une arme à feu, blessée grièvement d'une balle tirée pendant cette pénétration, pour être achevée par strangulation, avant ou après de longs sévices au couteau au cours desquels son assassin fou lui avait découpé la peau en lanières. Ensuite, le psychopathe avait brûlé le corps avec de l'essence. Seule une analyse ADN avait permis d'identifier le cadavre. De fait, l'identification avait été rendue possible par Ada, qui, semblait-il, avait été la seule personne qui s'était inquiétée de la disparition de Zebra au point d'avoir la présence d'esprit de la signaler à la police, tandis que les enquêteurs cherchaient depuis des semaines à mettre un nom sur le corps du ravin. Quand Michael recueillit Ada, elle venait de passer de longues heures au poste de police. Ses parents avaient été avertis, le proviseur aussi, ainsi que les services sociaux du lycée et de la mairie. Tout ce monde était aux abois : que faisait une adolescente mineure avec une transsexuelle connue des services de police pour tirer ses revenus de la prostitution, de la pornographie et de la revente de drogue ? Ada fit jurer à Michael de ne rien dire, et si on le lui demandait, de prétendre qu'il n'avait jamais rencontré Zebra. Elle lui expliqua qu'elle avait monté un mensonge compliqué qu'elle ne pouvait tenir que seule. Il lui objecta que c'était idiot, que la police avait de bonnes chances de trouver des témoins qui les avaient vus ensemble, sans compter les vidéos des caméras de rue. Il s'avéra qu'il avait vu juste : la police vint le chercher pour l'interroger et ils en savaient long. Il comprit qu'ils cherchaient à vérifier s'il était possible qu'il soit l'assassin. Il fut interrogé par un homme très calme et patient qui lui fit reconnaître qu'il avait été au moins un peu amoureux de Zebra. Ils le gardèrent une journée entière avant de revenir à la charge, mais au bout du compte, on le renvoya chez lui. Il retrouva ses parents que l'affaire avait mis dans un état d'inquiétude et d'abattement intense. Jusque-là, ils avaient pu admettre que les écarts de conduite de leur fils se comparaient assez favorablement par rapport aux autres ados. Car il suffisait de suivre les informations pour prendre la mesure de la déraison totale dont faisait preuve la jeunesse. Mais Zebra, et l'affaire de son meurtre, leur apparaissaient comme un ultime mauvais coup du sort. Le fait avéré, reconnu par tous, que Zebra avait été très belle, très féminine et donc séduisante pour un jeune mâle, jouait de façon exactement contraire selon les points de vue : de celui de Michael, c'était une facette de la qualité du personnage. Du point de vue des adultes, c'était le signe d'une perversité ultime, comme si le diable s'était déguisé pour mieux corrompre.

Ce drame eut un impact considérable sur Michael et Ada. Le pire n'était pas la mort de Zebra et son absence, qui leur brisa le cœur, ni non plus la révélation que ses derniers instants avaient été abominables, qui leur glaçait le sang d'horreur. En fin de compte, le pire était cette attitude que tout le monde avait, cette acceptation de la fatalité, renforcée par l'idée que quelque part, c'était normal. On le leur dit, plusieurs adultes le firent, chacun d'une façon différente. Le discours se résumait en quelques phrases semblables : quelqu'un comme Zebra, qui était factuellement différente, qui vivait dans les excès les plus phénoménaux, qui tapinait, se droguait, se montrait en spectacle en train de forniquer avec perversion et corrompait des mineurs... Une telle personne s'exposait du coup à des risques spécifiques. Mais ni Michael ni Ada ne pouvaient admettre que ce raisonnement, même s'il était sans doute exact d'un point de vue statistique, puisse mener à la conclusion que Zebra avait bien cherché ce qu'elle avait fini par récolter. C'était comme de prétendre que le théorème de Schwartz s'appliquait aux moeurs, et d'en admettre des conséquences moralisatrices. Pour Ada en particulier, cela sonnait comme la plus incroyable des injustices. Probablement parce que c'était pour elle une sorte d'avertissement sinistre, car elle avait conscience d'avoir commencé à suivre une voie similaire. Pour Michael, qui avait en fin de compte tout à fait assumé la déraison violente et radicale qui avait été le trait principal des escapades avec Zebra, le sentiment qui prévalait était un dégoût sinistre pour ces jugements réprobateurs. Oui, il était irresponsable de se droguer avec des substances aussi puissantes que celles dont ils avaient abusé. Oui, il était plus qu'excessif de pratiquer des rapports sexuels très violents, même pour de longues minutes de la jouissance la plus intense. Cependant, le souvenir qu'il gardait de Zebra était avant tout celui d'une créature gentille en essence, douce et câline avec lui, dont la perversion assumée in extenso avait été équilibrée par un profond respect des autres.

Quelques jours après l'inhumation des cendres de Zebra, un notaire les convoqua. Il commença par annoncer que légalement, la procédure ne serait terminée qu'à la signature des parents d'Ada et de Michael, puisqu'ils étaient encore mineurs. Zebra avait fait un testament. Elle y léguait l'intégralité de ses biens à Ada et Michael, à parts égales. Les taxes étaient exorbitantes, il fallait vendre l'appartement et la plus grande partie du mobilier pour les couvrir. Après avoir payé les honoraires, il ne restait pas grand-chose. Consultant la liste que leur donna le notaire en leur demandant d'y choisir ce qu'ils désiraient conserver dans la limite de la valeur restante, Ada découvrit que l'estimation pour Jennifer coïncidait avec ce qui leur était attribué. Elle décida sur-le-champ de faire cadeau à Michael de sa part. Les parents de Michael vécurent stoïquement l'arrivée de Jennifer dans l'antre que leur fils s'était constitué dans les combles de la maison familiale. Ils la considérèrent comme un autre gadget, et préfèrent oublier les connotations sexuelles pourtant évidentes. Ils pouvaient à tord ou à raison se réjouir que leur fils soit par ce biais un peu plus impliqué dans la réalité qu'une part de plus en plus importante des jeunes, en particulier les garçons, qui passaient le plus clair de leur temps dans les mondes virtuels et les jeux. Ce qu'on appelait le « no life » était en effet devenu pour les garçons un fléau majeur, le pendant de l'anorexie chez les filles. Ada supposa à ce titre que les parents de Michael ignoraient la transsexualité de Jennifer. En effet, vu leurs convictions politiques et religieuses, il était fort probable que s'ils avaient été au courant, leur réaction eût été différente. Ada pour elle-même annonça avec fermeté qu'elle refusait d'avoir affaire avec Jennifer, qui lui rappelait trop Zebra, et Michael fit en sorte que l'androïde disparaisse au fond de son grenier.

Dans les jours qui suivirent la mort de Zebra, Ada devint impossible à vivre. Elle était nerveuse et agressive, elle se fâcha avec son père et sa belle-mère. Elle chercha à se réfugier chez Michael, mais elle se fâcha aussi avec lui et surtout avec ses parents, pour des raisons futiles. Elle fugua. La police la retrouva un matin, onze jours plus tard, en hypothermie sévère dans un carton au pied des poubelles d'un restaurant d'un quartier glauque d'Almogar. Elle était sale, répugnante, griffée, couverte d'ecchymoses, elle avait une infection virale aux yeux qui suppuraient, et même des poux. Elle avait perdu beaucoup de poids. Elle avait deux cents euros en cash sur elle, et pourtant elle s'était laissée à moitié mourir de faim, sans doute dans l'espoir qu'une passe de plus lui fournisse de quoi monter son avoir au niveau du prix d'une dose. Les prélèvements révélèrent ce qui devait être révélé. Elle affirma qu'elle n'avait pas été violée. Les analyses de sang indiquèrent qu'elle avait usé de deux douzaines de substances illicites, et que son système immunitaire avait combattu deux variantes distinctes du SIDA et trois maladies vénériennes, dont une souche de blennorragie rare et recherchée pour sa virulence. Son père fut atterré, sa belle-mère faillit en devenir folle.

Quand Ada sortit de l'hôpital, Michael voulut avoir une conversation calme avec elle. Lorsqu'ils furent seuls, elle vint dans ses bras et pleura comme une fontaine. Il avait pensé qu'elle allait lui demander pardon. Il avait imaginé que sinon, il allait lui demander de le faire. Il resta silencieux et la berça tandis qu'elle hoquetait des sanglots énormes. Ils se séparèrent sans avoir échangé une seule phrase cohérente, quand la belle-mère d'Ada, inquiète, commença à frapper à la porte. Ils cessèrent de se voir, d'abord du fait qu'Ada fut incarcérée pendant sa cure de désintoxication. Chaque matin, Michael se sentait encore un peu plus misérable, mais Ada ne répondait pas à ses messages. Quand Ada sortit, la traversée du désert continua une dizaine de jours. En définitive, elle lui répondit, et à nouveau, quand ils furent seuls, elle vint se mettre dans ses bras et se mit à pleurer comme si elle ne pouvait pas s'arrêter. Cependant, le corps ne recèle pas tant de larmes que cela. Alors, elle demanda à Michael de lui faire l'amour. Il lui fallut de longues minutes avant de parvenir à commencer à la déshabiller en tremblant. Il pensa qu'il allait faire durer les préliminaires, mais le corps d'Ada répondait avec énergie aux stimulations et elle l'exhorta à passer aux choses sérieuses. Comme il hésitait, elle prit les opérations en main et se donna un premier orgasme violent. Elle se reposa quelques secondes avant de lui réclamer sans-façons : encore. Il obtempéra, à la fois rassuré et épouvanté. Au matin, il lui dit :

— Ada, je veux bien que tu continues à prendre de la came, mais je veux que tu arrêtes les conneries pour te la payer, je vais m'occuper de ça.

Il tenta de lire son regard. Il s'attendait à ce qu'elle lui réponde qu'il avait seize ans et qu'il était prié d'arrêter de faire le caïd. Au lieu de cela, elle plissa les yeux et lui demanda de sa voix la plus douce :

— Comment vas-tu faire ?

— C'est mon affaire, mais si c'est de l'argent qui te manque, j'en trouverai. D'ailleurs, je m'y suis déjà mis.

Il se leva pour ramener un petit sac de puces monétaires qu'il jeta dans le lit à côté d'Ada. Elle le toisa d'un regard mystérieux et hocha juste la tête. Le marché était conclu.

Michael avait commis sa première attaque le lendemain de la sortie d'hôpital d'Ada. Après coup, il apparut qu'il s'en était tiré par miracle, la chance des débutants. L'affaire ne lui avait rapporté que quelques milliers d'euros, malgré les risques insensés qu'il avait pris. Quelques jours plus tard, il avait monté une opération de plus grande envergure. Il y avait travaillé jour et nuit pendant une semaine. Il lui avait fallu trouver des associés. Il avait recruté presque à l'aveugle deux coéquipiers, ce qui était très risqué. Sur le réseau, dans les mondes virtuels, il avait l'habitude d'entrer en contact avec des gens dont l'anonymat était obligatoire vu les activités illicites qu'ils pratiquaient. Il restait des codes et des repères qui permettaient de retrouver les gens, et des intermédiaires qui permettaient de jauger du degré de confiance qu'on pouvait leur faire... À trois, ils avaient soutiré près de cent mille euros à une société de containers sur le port de Santa-Maria d'Almogar en créant un imbroglio de couverture qui fit piétiner l'enquête pendant les quelques heures nécessaires pour effacer les traces clés. L'opération avait consisté à faire des documents et des coups de téléphone bidon pour faisander la personne responsable de la paye. Comme souvent, il s'agissait d'un subtil mélange d'arnaque et de technologie. En particulier, Michael avait utilisé des techniques qui permettaient de reproduire le visage et la voix d'une personne en la synthétisant presque à la perfection. Pour des messages courts, cela pouvait faire illusion. Malgré les précautions, ils avaient laissé des traces et la police était venue arrêter Michael. Pourtant, il avait été libéré le lendemain. Il avait eu très peur, mais sa ruse avait payé : les policiers avaient cru qu'il suffirait de perquisitionner dans la maison familiale pour découvrir des preuves, et en particulier, des traces du butin. Le procureur avait jugé les présomptions trop faibles et jeté l'éponge, non sans prévenir Michael qu'il était maintenant sous surveillance. Après l'opération de recel, il était resté à Michael plus de trente mille euros, ce qu'il croyait être une somme énorme, le contenu du petit sac dans le lit.

Ada en fuma l'intégralité en moins de trois semaines, stone à longueur de journée, elle séchait presque tous les cours, mais au moins, la nuit, elle était au lit avec lui. Pendant ce temps, Michael fricotait avec un petit réseau de revente de logiciels, de films et de bases de données piratées. Cependant, dès qu'il perçut les premiers signes de danger, il abandonna. En fin de compte, la rentabilité était faible, il y avait trop de complicités humaines, trop de points de faiblesse dans le système, il jugea à juste titre que le jeu était trop dangereux. Il fallut recommencer. Cette fois-ci, il se donna plus de temps, il opéra seul et fut très prudent. Il attaqua un réseau de microbanques en Inde et leur arracha une somme rondelette en les escroquant sur des jeux d'écritures et des fausses factures. Il était rentré dans la place en se faisant passer pour une société de maintenance informatique à distance. Après coup, il eut honte. Il avait volé des gens parmi les plus pauvres, car la microbanque en question était une coopérative gérée bénévolement par une communauté de petits paysans. Il avait fait du tort à des dizaines d'entre eux, juste pour fournir de quoi se droguer à une fille de riche. Il en parla à Ada. Il aurait voulu qu'elle se rende compte, qu'elle devienne raisonnable. Elle le regarda et lui fit une moue complexe. Elle comprenait, mais que cela ne changeait pas sa détermination. Son regard disait : quoique je fasse, ces gens resteront pauvres, alors n'essaye pas de m'attendrir en me culpabilisant, cela ne marchera pas. Elle haussa les épaules et lui répondit qu'il n'avait qu'à s'en prendre à des gens riches. Il y en avait tant, partout. Il faillit lui répondre que les gens riches protégeaient beaucoup mieux ce qu'ils avaient que les pauvres, mais il se tut, car il venait de prendre conscience qu'il ne commettait pas ces méfaits juste pour l'argent, mais qu'en réalité le frisson de le faire était plus grand, plus tentant que tout le reste. Oui, c'était difficile. Oui, c'était très risqué. Il fallait avoir une connaissance approfondie des systèmes et de leurs arcanes, leurs failles et leurs insuffisances. Il fallait être créatif, intelligent et rapide, réactif, déterminé. C'était le sport ultime, le seul à ses yeux qui valait la peine d'être pratiqué. Il décida donc de s'en prendre aux riches en pensant avec un ricanement de la plus ultime autodérision : je suis un putain de Robin Des Bois !

Il commença à préparer le coup suivant. Il gagna un bon paquet en escroquant un palace. Il se fit passer pour leur fournisseur de spiritueux et il réalisa la simulation très créative d'une livraison dont le payement fut bien réel, lui. Dans la foulée, il visa la filiale à Almogar d'une banque multinationale. Par malchance et par incompétence, les policiers commirent l'erreur de venir arrêter Michael quelques minutes avant qu'il ait commis un délit plus grave que celui d'avoir pénétré un site commercial protégé. Il fit dix-sept jours de préventive au cours desquels il fut victime d'une agression à caractère sexuel par un codétenu. Il se défendit avec la plus ultime détermination et s'en sortit bien, toutes proportions gardées. On lui plâtra un bras, on lui sutura la lèvre supérieure et les deux arcades sourcilières avant de le transférer dans une autre cellule, qu'il partagea avec deux petits vieux. Pour le procès, son père lui paya un as du barreau. Il était mineur. Le juge prit en compte sa mésaventure en prison. Il s'en tira avec trente jours. Un matin au parloir, Ada lui annonça que sa mère était très malade. Elle était elle-même très pâle, tremblante, de toute évidence en manque grave. Elle expliqua qu'afin de voir sa mère une dernière fois, elle avait tout arrêté, sans sevrage, afin que les traces de substances illicites disparaissent de son sang au plus vite. Les tests d'entrée sur le territoire des États-Unis étaient draconiens. Tout était une question de jours.